L’humanité médite depuis si longtemps que personne ne peut vraiment dire quand ou comment cela a commencé.
Mais les raisons pour lesquelles nous le faisons n’ont pas beaucoup changé.
Au cours des siècles, les méditants ont toujours trouvé que leur pratique leur permettait d’être plus calme, plus efficace dans leurs pensées et émotionnellement plus stable.
La méditation les aide également à s’adapter aux nouvelles situations, à faire face au stress de façon positive, et à être plus créatifs.
Mais tout ceci ne représente que les apparences, car il se passe encore plus de choses au plus profond de notre cerveau.
Il est difficile de définir la méditation d’une manière qui tienne compte de la grande variété des traditions de méditation connues.
Sans aucun doute, des techniques spécifiques ont évolué au sein de chaque tradition pour répondre aux besoins humains et développer des potentiels bien précis.
Mais pour une grande partie des gens, la méditation est vue comme une forme de relaxation mentale, des exercices de visualisation, un travail du souffle ou encore du lâcher-prise sur nos pensées.
Pourtant, si nous voulons revoir la définition de ce qu’est la méditation, l’une des voies les plus prometteuses consiste à regarder ce qui se passe dans le cerveau et les organes des méditants, et ce, grâce à la science et à la médecine.
Récemment la science moderne a développé des outils sophistiqués qui permettent d’explorer le corps et le cerveau, entre autres l’imagerie à résonance magnétique (IRM).
Grâce à la volonté de grands yogis ou des moines bouddhistes de formation scientifique comme Mathieu Ricard, la pratique méditative a fait elle aussi l’objet d’étude approfondie avec les outils de la science médicale.
Et ce qu’ils ont trouvé offre un nouvel éclairage sur le pouvoir de la méditation.
Même s’il y a une grande diversité d’études, la tendance générale de cette recherche montre que nous pouvons exercer un certain degré de contrôle sur ce que nous ne pensions pas pouvoir changer.
L’étude scientifique de la méditation montre qu’une fois vaincues nos idées préconçues sur les capacités humaines, de nouvelles possibilités pour l’auto-transformation abondent littéralement.
Contrôle des organes
Certaines des premières expériences scientifiques ont exploré la possibilité de contrôler nos organes internes.
Cela a été réalisé à la fin des années 1960 à la Fondation Menninger à Topeka, Kansas, sous la direction d’Elmer et Alyce Green.
Les Green ne se sont pas concentrés sur la méditation en soi, mais sur la régulation volontaire des processus physiques présumés incontrôlables, car automatique (système sanguin, système nerveux, système lymphatique, système digestif…).
Leur méthode consistait à apprendre aux gens à maîtriser le fonctionnement de leurs fonctions corporelles grâce à l’utilisation du bio-feed-back.
Les sujets testés étaient reliés à une grande variété de « gadgets », y compris des électroencéphalographes (EEG) pour le cerveau, des électrocardiographes (ECG) pour la fréquence cardiaque, ainsi que des dispositifs pour mesurer la température de la peau et les taux de respiration.
Ils étaient reliés à des lumières ou des sons qui vont et viennent lorsque certaines mesures physiques ont été atteintes.
En apprenant à déclencher une lumière ou un son (biofeedback), les sujets étaient capables de prendre le contrôle de processus physiques tels que la fréquence cardiaque et la pression artérielle.
Certains ont même été en mesure de contrôler la circulation sanguine afin d’atténuer les migraines.
Swami Rama, le précurseur
C’est à cette que époque que Swami Rama venait d’arriver aux États-Unis.
Il avait l’intention de combler son manque de compréhension du corps et de l’esprit selon le point de vue occidental.
Travaillant en collaboration avec des psychologues ayant une formation scientifique et des médecins, il a abouti au laboratoire des Green.
Là, il a pu démontrer un contrôle remarquable sur ses états de conscience et ses processus physiologiques.
Lorsqu’il fut connecté à un EEG par exemple, il était en mesure de produire à volonté les quatre grandes bandes d’ondes cérébrales (bêta, alpha, thêta, delta) et pour des périodes de temps prolongées.
Il a également été en mesure de produire des ondes delta qui indiquent généralement un profond sommeil, tout en restant conscient des conversations et des événements qui se déroulaient autour de lui.
Et en exerçant un contrôle mental sur les artères dans sa main, il a réussi à créer une différence de 10 degrés de température entre sa main gauche et sa main droite.
Ces études eurent l’effet d’une bombe dans le milieu scientifique : il était possible de contrôler son organisme.
Mais les manifestations les plus importantes de la méditation se sont révélées dans le contrôle du cœur, un organe que l’on pensait au-delà de la régulation consciente.
Swami Rama avait déjà arrêté la circulation du sang de son cœur pour des médecins.
Mais jusqu’alors, aucun instrument scientifique n’avait jamais été utilisé pour observer ce qui se passait à l’intérieur de son corps à ce moment-là.
Les Green l’ont relié à un électrocardiogramme, qui a montré que son rythme cardiaque était de 70 battements par minute (bpm) avant l’expérience.
Quand Swami Rama a « arrêté » son cœur, la machine a réagi violemment, montrant un taux de 300 bpm.
Cela a créé une condition connue sous le nom de fibrillation auriculaire dans laquelle le cœur bat trop vite pour faire circuler le sang à travers ses chambres.
L’ECG enregistra alors 17 secondes pendant lesquelles le sang de Swami Rama a cessé de circuler.
Quand il a retrouvé son rythme cardiaque de 70 bpm, le sang a recommencé à circuler et il n’a montré aucun effet indésirable à la suite de cette expérience.
Alors que certaines capacités à réguler le rythme cardiaque avaient été démontrées chez l’animal dès 1965, le niveau de contrôle de Swami Rama n’avait jamais été prévu ni même envisagé par la communauté scientifique qui est restée sidérée.
Il a expliqué sa capacité grâce à la simple observation. «Tout le corps est dans l’esprit, mais l’esprit n’est pas dans tout le corps » déclara-t-il.
Mais Swami Rama ne méditait pas lors de ces expériences.
Il n’a fait qu’exercer un contrôle sur son corps (et le cerveau), contrôle acquis par la pratique du yoga et en plongeant dans les profondeurs de l’esprit à l’aide de la méditation.
Cartographie de l’esprit
Dans les années 70, on ne possédait pas la technologie suffisante pour étudier sérieusement les effets de la méditation sur le corps et le cerveau.
Ce n’est qu’au cours des 20 dernières années que celle-ci s’est considérablement améliorée.
Les capteurs EEG modernes sont maintenant incorporés dans des casques bien ajustés qui peuvent étudier jusqu’à 256 positions en même temps tout autour de la tête.
Ceci permet d’obtenir une image détaillée des parties du cerveau qui sont actives au cours des différentes activités comme parler, voir et se concentrer.
L’EEG est particulièrement utile pour les études de méditation, car c’est une méthode non invasive qui n’interfère pas avec la pratique.
Elle donne également un compte rendu détaillé de l’évolution de l’activité du cerveau à chaque seconde.
Il est donc facile de corréler les données objectives avec ce que le méditant rapporte comme sensations subjectives pendant l’expérience.
L’inconvénient de l’EEG est que, même avec 256 capteurs, il manque de la précision nécessaire pour étudier l’interaction complexe des neurotransmetteurs.
L’activité cérébrale est une interactivité complexe de nos aspects chimiques et électriques.
Pour étudier les aspects chimiques de la fonction cérébrale, les scientifiques se tournent vers des techniques d’imagerie qui mettent l’accent sur la circulation du sang dans le cerveau comme l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) et les analyses qui détectent les produits chimiques radioactifs injectés dans la circulation sanguine d’un sujet de test.
Ces méthodes offrent des vues précises de l’activité du cerveau, mais elles ont tendance à être lourdes.
L’IRM par exemple, exige que le cobaye s’allonge dans un espace clos (la machine) qui peut faire jusqu’à 100 décibels de bruit.
Ce n’est pas la condition idéale pour méditer. Pour avoir une idée de la façon dont cela pourrait être gênant, essayez de méditer avec un bébé qui pleure dans la salle ou sur un quai de métro quand un train approche.
Malgré ces inconvénients, une partie des études utilisent à la fois l’EEG et les techniques d’imagerie cérébrale plus sophistiqués comme l’IRMf pour obtenir une compréhension plus complète de l’activité du cerveau.
Créer le changement
Une technologie sophistiquée est inutile sans les chercheurs capables d’étudier la méditation d’un point de vue scientifique tout en prenant au sérieux sa conception traditionnelle comme un outil puissant pour développer le potentiel humain.
L’un des plus influents parmi la nouvelle génération de scientifiques qui s’intéressent à la méditation est Richard Davidson, directeur du Laboratoire de Keck pour imagerie cérébrale fonctionnelle et le comportement à l’Université du Wisconsin.
Son intérêt pour la méditation n’est pas un hobby.
Il a véritablement commencé quand il a pris une année sabbatique et a appris la méditation en Inde.
Davidson travaille avec les enseignants respectés de la méditation, surtout dans les traditions bouddhistes.
Il a collaboré à la recherche de Jon Kabat-Zinn (fondateur de la méditation pleine conscience dans le cadre médical) et a accueilli le Dalaï-Lama à son laboratoire de Madison.
Davidson résume la situation simplement: « les moines bouddhistes savent depuis des siècles que la méditation peut changer l’esprit. Maintenant, Sa Sainteté (le Dalaï-Lama) nous pousse à examiner avec notre technologie les modifications cérébrales précises qui se produisent durant la pratique ».
Les scientifiques appellent la capacité du cerveau à changer la neuroplasticité ou bien » plasticité neuronale « .
Jusqu’à très récemment, on pensait que nos personnalités étaient relativement stables à partir de l’âge adulte.
Mais de nombreuses recherches sur la neuroplasticité démontrent que les réseaux de neurones qui déterminent notre expérience du monde sont dans un état continuel de modification.
En outre, la structure du cerveau change radicalement en réponse à la formation et à l’expérience.
Ce changement est en cours tout au long de la vie, ce qui suggère que vous pouvez en effet apprendre à un vieux singe de nouveaux trucs.
La recherche actuelle de Davidson est orientée sur la façon dont la méditation peut influencer nos émotions et dont nous réagissons à des expériences de la vie réelle.
Son grand objectif est de prendre des techniques de méditation spécifiques et trouver des moyens de les appliquer pour améliorer la santé mentale et physique.
Une de ses études les plus intéressantes implique une comparaison des cerveaux des méditants expérimentés et novices.
Davidson et ses collègues ont mesuré les EEG de huit méditants bouddhistes de haut niveau et dix étudiants qui ont été formés dans une pratique méditative pour le développement « de l’amour et de compassion inconditionnelle ».
En matière de formation pour cette étude, les étudiants ont été invités à apporter en pensée de l’amour, du soin et du respect à une personne de leur connaissance.
Une fois ce sentiment bien identifié, ils ont été invités à l’étendre à « tous les êtres sans penser spécifiquement sur une personne en particulier ».
Les résultats ont montré une différence mesurable dans l’activité gamma entre les méditants confirmés et les étudiants. En outre, cette différence s’est considérablement creusée lorsque les sujets ont commencé leur pratique méditative.
Cela en soi n’est pas une surprise, mais l’ampleur des différences est intéressante.
Parmi les huit méditants confirmés, les enregistrements EEG ont montré une augmentation de 2 fois de l’activité gamma pour trois des sujets.
Cinq des huit ont montré une augmentation de 3 fois.
Parmi les dix étudiants récemment formés, seulement deux ont montré une augmentation significative (2 fois) de l’activité gamma.
Ce résultat est déjà étonnant.
Mais chez les pratiquants confirmés, l’activité gamma était la plus élevée jamais enregistré chez des êtres humains en bonne santé.
Ceci suggère que les longues heures d’entraînement mental étaient responsables des niveaux remarquablement élevés de l’activité.
Pendant la méditation
Les couleurs indiquent le pourcentage des sujets dans chaque groupe qui avait une augmentation d’activité de gamma pendant l’entraînement mental.
Sujets de contrôle (Gauche). Pratiquants de méditation (Droite).
De nos jours
Grâce notamment à l’IRMf, les études se poursuivent toujours plus nombreuses sur les effets de la méditation.
Les changements physiologiques les plus spectaculaires s’observent facilement dans le cerveau.
Une étude américaine de 2012 publiée Frontiers in Humain Neuroscience a été menée au Boston General Hospital.
Elle révèle les modifications apportées au cerveau.
Tout d’abord au niveau de l’amygdale, la zone chargée des émotions (en particulier la peur, l’anxiété, l’aversion).
Celle-ci une fois éduquée par huit semaines de méditation, réagit par la suite immédiatement à n’importe quelle image, situation ou mot qui véhiculent de la joie.
Si en revanche on soumet un sujet à des images négatives, la réponse de l’amygdale est assez faible.
Une réponse moins rapide, donc moins forte permet de prendre de la distance face aux situations désagréables.
L’effet est donc durable.
Il en va de même pour :
- l’hippocampe : cette partie du cerveau qui réagit au stress,
- le cortex cingulaire postérieur : qui aide à la créativité, la cogitation et l’introspection,
- le carrefour temporo-pariétal : qui permet l’empathie
- le cortex préfrontal : qui peut conserver ses fonctions cognitives à l’aide de la méditation, malgré l’âge
- une autre étude parue dans le Journal de la science en mai 2014 montre de son côté que la méditation, couplée à de la nage en eau glacée, a des effets importants sur la réduction des maladies inflammatoires.
Et la liste se poursuit quasi sans fin sur les effets positifs de la méditation.
Elle réduit la pression sanguine, elle chasse le stress, elle aide les malades du cancer à se battre pour leurs cellules, elle augmente l’immunité, améliore la digestion…
Conclusions
Ce type de recherche est utile à la communauté scientifique, car elle suggère que même une petite quantité de pratique de la méditation peut avoir des changements mesurables dans le cerveau et que la pratique de la méditation à long terme peut produire des résultats profonds.
Cela ouvre une fenêtre dans une vision plus large de la conscience humaine.
Il pourrait être utile de penser à la méditation comme une technologie interne qui connaît une renaissance remarquable en ce moment.
La science confirme que la méditation peut améliorer nos vies en nous donnant un plus grand contrôle dans la façon dont nous faisons l’expérience du monde.
Et c’est ce qui est vraiment le plus important.
Salut petite sorcière, cet article est fascinant et bien documenté.
C’est bien que la science se penche sur le sujet.
Pas besoin d’être un yogi pour profiter des bienfaits de la méditation…se recentrer sur soi en 30 minutes c’est faisable et ça fait du bien si on le pratique régulièrement.
En tout cas merci!!
Bonjour manue et merci pour ce commentaire.
En effet, il suffit de prendre un peu de temps pour soi régulièrement ; ça fait du bien et ça nous permet d’aborder le monde différemment !
Bonne journée.
Namasté.
C’est assez difficile pour moi de savoir qd je suis entrain de méditer….
Pouvez-vous m’en dire un peu plus Vanessa ?