Le pissenlit ou Taracanum officinalis ou dens leonis est une plante vivace rustique cultivée comme bisannuelle.
La période entre le semis et le début de récolte est de 6 mois au minimum avec forçage.
La taille est très variable, tant en largeur qu’en hauteur. Il s’étale plus ou moins sur le sol ; seule émerge nettement sa tige florale.
Vous récolterez environ 2 kg pour 1 m2 ou 5 mètres linéaires. Une même racine peut donner plusieurs récoltes.
Généralités
Le pissenlit est, comme la mâche, une plante de nos régions. Il pousse spontanément en France, surtout dans les prairies, les champs et autres espaces non cultivés. Il affectionne aussi particulièrement les pelouses et les bords herbeux des chemins qu’il envahit rapidement.
Les noms populaires du pissenlit sont nombreux : dent de lion, barabant, bédane, chiroux, salade de Chine, salade de taupe… Et l’orthographe originelle de son nom : «Pisse-en-lit », prouve que l’on connaît depuis longtemps ses vertus diurétiques.
Durant des siècles, on l’a surtout ramassé dans les prés ; mais, s’il n’a acquis ses véritables lettres de noblesse que depuis un siècle, il est fort probable qu’il fut cultivé bien longtemps avant dans les potagers. Sa première culture maraîchère fut signalée, aux alentours de Nancy, en 1845 ; ensuite, il conquit, vers 1860, une petite localité du nord-ouest de Paris, Montmagny, qui donna son nom à la première de ses variétés civilisées (lesquelles restent fort peu nombreuses). Les variétés nouvelles se développent peu, en effet, et c’est la variété sauvage (qu’elle soit récoltée dans la nature ou cultivée dans les potagers), qui garde la faveur des amateurs.
Les feuilles des variétés cultivées sont bien dentées et disposées en rosettes. De ces rosettes sortent les tiges fistuleuses de petits capitules jaunes : ce qu’on appelle la « fleur de pissenlit » est en réa lité un ensemble formé d’une multitude de petites fleurs. Les fruits sont des akènes qui, au cours du printemps, et grâce à leurs aigrettes, s’envolent au vent et se disséminent dans la nature.
Le pissenlit est peu exigeant
Tous les climats et tous les sols lui conviennent ; et il n’est aucunement besoin d’enrichir ces derniers. Cependant le pissenlit est plus généreux en sol riche (ou bien dans un sol qu’on avait fumé avant la culture précédente). Ainsi, les pissenlits sauvages présentent une grande diversité d’aspect, qui est due à la différence de fertilité des sols dans lesquels ils poussent.
S’il est peu exigeant, le pissenlit est cependant épuisant pour le sol. C’est pourquoi, après sa récolte, il est bon d’apporter une bonne fumure organique à ce dernier, et d’éviter, au cours des trois années suivantes, de le cultiver sur le même emplacement. A l’arrachage, il faut veiller soigneusement à ne laisser aucun tronçon de racine dans le sol, sinon, au printemps suivant, certains de ces tronçons produiraient des pissenlits nouveaux qui viendraient perturber le développement de la culture suivante.
Sa culture est fort simple
Un gramme de graines de pissenlit en contient environ 1 000, d’une durée germinative de deux ans. La quantité nécessaire est la même que pour la mâche. La levée s’effectue en 12 à 14 jours. Les graines sont petites, grisâtres, terminées par une sorte d’aigrette courte et raide.
Ne semez pas directement en place et en ligne comme il est souvent conseillé et comme le font les grands producteurs ; semez plutôt en pépinière en vue de repiquer en lignes ; vous augmenterez ainsi certainement votre rendement.
En général, les semis commencent début juin : semez sur côtière, plombez, arrosez, terreautez. Si le temps est chaud et sec, recouvrez ensuite votre semis de vieux sacs durant une douzaine de jours, jusqu’à l’apparition des premières plantules. Arrosez sans excès, mais suffisamment pour maintenir le sol toujours humide.
Repiquez en ligne lorsque le plant atteint sa cinquième feuille, vers la mi-juillet. Pour cela, arrachez-le soigneusement de la pépinière et habillez-le (c’est- à-dire coupez le tiers supérieur des feuilles et la moitié des racines), puis repiquez au plantoir en lignes espacées de 20 à 25 cm et à 8/10 cm dans la ligne : bornez bien au plantoir, sans enterrer le cœur, arrosez et bassinez au moins deux fois durant la première semaine.
Commencez le binage ou le griffage deux semaines plus tard. Un bon mois après cette opération, vos plantes seront bien fournies en feuilles, vous pourrez alors, sans inconvénient, les couper, soit pour les consommer vertes et crues (les feuilles vertes et tendres perdent une partie de leurs vertus diététiques quand on les blanchit) soit, si vous les préférez plus tendres, pour les faire cuire à la façon des épinards. Vous pourrez faire une autre coupe fin août si vous le jugez utile. Les racines continuent alors à se développer avec les touffes et, à partir de la fin novembre, vous pourrez commencer le blanchiment.
Les techniques de blanchiment
Il existe plusieurs techniques de blanchiment que vous choisirez en fonction des moyens dont vous disposez.
Première technique de blanchiment :
La technique la plus simple est certainement le blanchiment sur place. Elle consiste, à partir de la fin novembre, à couper les feuilles au ras du sol, en laissant cependant le cœur, puis à recouvrir les lignes de pissenlits d’une vingtaine de centimètres de terre (en cas de terre forte, mélangez-la avec de la tourbe ou du sable, ce qui facilitera les récoltes — en terre humide — au cours des mois de janvier et de février). Vous pouvez étaler votre future production en buttant votre culture par tranches, tous les 15 jours par exemple.
Vous pouvez aussi forcer une partie de votre production en installant entre vos rangs de pissenlits dans les tranchées creusées dans les interlignes au moment du buttage des «réchauds » de fumier chaud que vous recouvrirez immédiatement de terre (il faut, dans ce cas, avoir prévu un interligne plus large : 30/40 cm). Il est également possible, si vous pouvez amener le courant électrique jusque-là, d’enterrer, dans les interlignes, des câbles chauffants. Cette technique de blanchiment sur place permet de conserver les racines dans le sol et de prolonger la culture l’année suivante, voire les deux années suivantes, du fait de la fumure.
Mais, si vous cultivez peu de pissenlits, procédez plutôt à l’étiolement sur place par recouvrement à l’aide de pots de fleurs renversés : un pot par pied ; recouvrez, par exemple six pieds, puis, lorsque ces pieds sont bien blanchis, récoltez-les et placez les pots sur les six pieds suivants et ainsi de suite jusqu’au bout de la ligne. Vous pouvez même activer vos récoltes en utilisant douze pots et en récoltant par six pieds, les six pots des six pieds récoltés étant placés, à chaque fois, à la suite des six pots restants. Vous pouvez, au besoin, garnir chaque pot d’un peu de tourbe de manière à ne pas obstruer les trous et à conserver, ainsi, une bonne circulation de l’air.
Deuxième technique de blanchiment :
Arrosez vos pieds de pissenlits avant les grands froids, placez-les en jauge dans un endroit abrité du nord et recouvrez-les d’un mélange de terre et de tourbe.
Extrayez-les, à partir de fin novembre, par petites quantités, toutes les une, deux ou trois semaines, selon vos besoins. Il serait maladroit de vouloir forcer toutes les racines à la fois ; étalez plutôt votre récolte en procédant, jusqu’au 15 mars, de la manière suivante : placez à touche-touche, sous châssis chauffé, la petite quantité de racines habillées que vous avez extraites de la jauge ; garnissez les vides avec du terreau ; recouvrez également les collets de 2cm de terreau ; arrosez ; fermez le châssis et recouvrez-le d’un paillasson. Après deux semaines environ, des feuilles apparaîtront au-dessus du terreau et se développeront librement dans le coffre, à l’obscurité.
Pendant deux semaines, vous pourrez alors procéder à des récoltes successives feuille par feuille. Arrachez ensuite les racines pour les remplacer par des racines « neuves ».
Jetez les racines arrachées ou laissez-les reposer une quinzaine de jours, avant de les soumettre à une nouvelle production, soit sous châssis, soit en cave selon la troisième technique de blanchiment.
Troisième technique de blanchiment :
Cette troisième technique est la plus pratique, à condition que vous possédiez une cave obscure, fraîche et aérée ainsi que du sable.
Il vous suffit alors de placer le sable dans un coin de la cave. Entourez-le de planches, afin qu’il ne s’éparpille pas.
Arrachez vos racines.
Habillez-les et faites des bottillons de 10 ou 20 selon l’importance de votre consommation.
Placez les bottillons dans le sable, que vous maintiendrez humide, collets affleurant.
Lorsque les bottes ont émis des feuilles suffisamment longues, extrayez-les pour consommer ces dernières. Puis, si le nombre total de vos racines est limité, replacez-les dans le sable, en vue d’une deuxième production.
Le bouturage du pissenlit
Dans le but de simplifier votre culture en évitant semis et repiquage, vous pouvez procéder à ce qu’on appelle un bouturage de racines.
Les vieilles racines de pissenlits sont plus ou moins ramifiées ; elles présentent de grosses et de petites ramifications. Éclatez les ramifications avec une lame de couteau et sélectionnez les plus belles. Dans une terre bien meuble, plantez chaque pivot de racine à la verticale, la partie la plus grosse vers le haut. Établissez ainsi une bordure ou des lignes de plantations ; plombez au pied dans le sens des lignes ; puis arrosez. Des bourgeons ne tarderont pas à se former sur la partie supérieure de chaque tronçon ; ils donneront naissance à des rosettes absolument semblables à celles des pieds issus de semis. Si la terre a été convenablement fumée, ces rosettes atteindront un volume tout à fait normal. Effectuez cette plantation de fin juin à fin août et de préférence dans le cours du mois de juillet.
VARIÉTÉS DE PISSENLIT
Au siècle dernier, on ne cultivait guère que la forme sauvage du pissenlit. Puis sont apparues les formes civilisées en nombre assez restreint, mais plus important que de nos jours. Curieusement leur nombre, au lieu d’augmenter, s’est amenuisé. Les obtenteurs ne se sont que peu penchés sur l’amélioration des formes existantes.
— Pissenlit commun (Dent de lion) : vigoureux, très rustique, mais aux rosettes nettement moins denses et moins fournies que les variétés améliorées.
— A cœur plein amélioré touffe très compacte et lourde à cœur bien fourni, facile à blanchir. Variété la plus cultivée.
— Vert de Montmagny amélioré : variété précoce ; feuillage foncé très découpé ; touffe bien pleine ; facile à étioler.
— Géant amélioré à forcer : variété précoce à larges feuilles, très dentelées ; touffe très fournie. Excellent pour l’étiolage en cave, et le forçage dans le nord.
Semences de pissenlit
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Insectes et maladies
Comme la mâche, le pissenlit est peu vulnérable aux attaques des insectes. Par contre, il l’est parfois à celle de l’oïdium. Ce dernier ne se manifeste guère que sur les pieds âgés de pissenlits. La suppression des feuilles suffit à enrayer la maladie.